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Revue de presse

L’USPI Genève, pionnière dans sa démarche verte

INTERVIEW

Pionnière, l’Union Suisse des professionnels de l’immobilier (USPI) Genève lançait en 2009 son label vert par lequel les régies membres s’engageaient en faveur d’une meilleure efficience énergétique de leurs immeubles sous gestion. Une décennie plus tard, le label vert est un succès, comme l’explique Béatrice Grange, Présidente de la Commission valorisation de l’USPI Genève.

Il y a 10 ans, la création de ce label était très avant-gardiste. Comment a-t-il vu le jour?

Le Label Vert s’est inscrit dans le cadre de la refonte de la nouvelle loi énergie mise en place à Genève. L’USPI tenait à s’impliquer activement dans cette loi qui englobe le bâti afin d’encourager les professionnels de l’immobilier à prendre ce tournant écologique indispensable. En effet, il faut savoir que 50% des énergies non renouvelables, c’est-à-dire des combustibles fossiles, utilisés dans le canton de Genève, le sont dans le secteur du bâti. Dans ce contexte, les régies avaient – et ont toujours – un rôle très important à jouer. Par ailleurs, les régies doivent souvent endosser un rôle délicat puisqu’elles sont entre les propriétaires et les locataires. A l’USPI, nous avions envie de nous engager tous, propriétaires et locataires, autour d’un objectif commun, d’une thématique qui parle à tout le monde et dont tout le monde bénéficie.

Peut-on chiffrer les économies réalisées ?

Tout à fait! Le programme Label Vert a déjà permis d’économiser plus de 60 millions de litres de mazout, soit l’équivalent de 187 000 tonnes de CO2. Ces résultats ont notamment été atteints grâce à différentes mesures parmi lesquelles, notamment, l’optimisation des systèmes de chauffage qui a permis d’économiser 27 400 000 litres de mazout, soit l’équivalent de 137 000 baignoires. Il y a aussi l’amélioration de l’enveloppement des bâtiments, qui a permis une réduction de 97 650 tonnes de CO2, et l’optimisation d’autres éléments comme la ventilation et les éclairages, qui a débouché sur une économie de 3740 tonnes de CO2, ce qui représente le poids de 748 éléphants.

Comment le Label Vert avait-il été accueilli par les professionnels de l’immobilier ?

Le Label Vert était le premier label facultatif proposé par l’USPI et, globalement, l’accueil a été positif dès le début. Du côté de l’USPI, la mise en place a été un gros travail. La première année, notamment, il a fallu recenser l’ensemble des mesures énergétiques et leur attribuer un nombre de points que les régies devaient atteindre. Avec les années, nous avons évolué, peaufiné, établi nos exigences, par exemple, vis-à-vis des fournisseurs. Aujourd’hui, le Label Vert est vraiment devenu un label important, notamment lors d’appels d’offres de la part des communes et des institutionnels.

Comment une régie obtient-elle le Label Vert ?

Le principe du Label Vert repose sur un système de notation comprenant plusieurs critères. Le nombre de points détermine l’octroi du label. La démarche de la régie consiste à recenser l’ensemble des mesures énergétiques déjà réalisées sur ses bâtiments et à atteindre le seuil minimal de points fixé par l’USPI. Par la suite, la régie s’engage à appliquer, dans le cadre de son activité de gérance, un programme d’économie d’énergie articulé autour de trois volets: les actions touchant à l’enveloppe d’un bâtiment, celles visant à optimiser le système de chauffage et celles visant à améliorer d’autres éléments comme, par exemple, le remplacement des appareils énergivores dans les buanderies d’immeubles et l’isolation des locaux non chauffés. A chaque catégorie correspond une liste d’actions ciblées ayant un impact énergétique positif sur le bâti.

Votre démarche s’inscrit dans la durée ?

Complètement, l’objectif est de changer profondément notre rapport à l’énergie. De plus, il ne faut pas oublier que dans le cas de bâtiments déjà existants, l’assainissement énergétique nécessite une vision globale et il faut du temps pour réaliser des travaux. Ceux-ci exigent à la fois des connaissances techniques et des investissements financiers. Les régies bénéficiant du Label Vert sont, du reste, tenues d’accompagner leurs clients dans les démarches portant sur différentes subventions dont ils peuvent bénéficier.

Vous précisez que toutes les parties concernées dans le processus d’économies d’énergie sont gagnantes. De quelle manière?

Pour les locataires, cela se traduit par une baisse des charges, conséquence d’une diminution de la consommation énergétique rendue possible par une meilleure maîtrise. Quant aux propriétaires, le Label Vert leur permet aussi de garantir la valeur de leurs immeubles par rapport à ceux répondant aux normes Minergie.

Combien de régies bénéficient aujourd’hui du label ?

L’USPI compte 35 régies membres, de toutes tailles, et 24 d’entre elles ont obtenu le Label Vert. Celui-ci n’est pas décerné une fois pour toutes. Chaque année, les régies doivent renouveler leur engagement en attestant de leur progression, ce qui les oblige à se tenir au courant des nouveautés, qu’il s’agisse de technologie, de subventions ou de normes légales, par exemple. Enfin, un aspect du Label Vert concerne également les régies elles-mêmes puisqu’elles s’engagent à gérer leur entreprise et leur propres locaux selon les principes du développement durable dans les domaines du recyclage, de l’électricité et du transport.

Le Label Vert pourrait-il s’exporter dans d’autres cantons ?

Ce label est vraiment une initiative de l’USPI Genève, mais le partager avec d’autres cantons n’est pas impossible. Cela s’est déjà fait pour d’autres labels. Cependant chaque canton a sa propre situation. La dimension très urbaine de Genève la rapproche davantage de Zurich que des cantons romands.

Propos recueillis par Odile Habel
Article paru dans l’Agefi en décembre 2020